jeudi 24 janvier 2008

Les deux visages d’une révolution biomédicale :

Comme toutes les grandes percées humaines-la conquête du feu , la domination de l’atome ou la maîtrise de la fécondité- le déchiffrage du génome et ses corollaires, la médecine prédictive et la thérapie génique, est un Janus à deux visages, l’un aimable, l’autre inquiétant.. on peut en attendre le meilleur ou le pire . le meilleur , par exemple, avec le traitement , voir la disparition de maladies génétiques gravissmes ; le pire avec, à la convenance de parent pervertis, le choix du sexe, la taille et de la couleur des yeux des enfants à naître. On voit le débat. Et l’on comprend mieux que certains, comme Jacques Testart, ce provocateur, aient maniesté la volonté d’arrêter leurs recherches pour amener, avec stupeur, à la réflexion.

Pas de doute : le déchiffrage du génome humain constitue le pas nécessaire au développement de cette médecine prédictive et de cette thérapie génique qui liront –lisent déjà,dans quelques rares cas- au fond de notre ADN les mutations qui condamnent ou prédisposent certains d’entre nous à telle ou telle maladie. Mais le nécessaire n’est pas le suffisant. Il faudra bien d’autres recherches, gène après gène – c’est déjà commencé lorsqu’on les connaît – pour aboutir à la connaissance fine de chacun des 100000 gènes qui constituent notre génome.

Quand on pose au professeur Jean Dausset, prix Nobel, initiateur, inspirateur des travaux sur le décryptage du génome humain, la question : ‘’peut-on et faut-il arrêter la recherche ?’’, la réponse vient, douce et nette :’’ mon attitude a toujours été extrêmement simple et ferme : il n’y a pas de limite à la connaissance. Mais là où je suis en accord avec M. Testart, c’est qu’il faut être extrêmement vigilant sur l’exploitation des connaissances’’.

Jean Dausset prêche par l’exemple, lui qui préside le MURS (mouvement universel de la responsabilité scientifique) : ‘il faut mettre des barrières, dit-il. Mais il n’est plus possible de s’enfermer dans les limites étroites des législations nationales. Il faut frapper plus haut.’’ Alors, Jean Dausset et le MIRS frappent tout en haut. Il faut que l’ONU, disent-ils dans une proposition en forme de manifeste, se prononce solennellement et qu’elle ajoute à la déclaration des droits de l’homme, avec quelque autres articles (les sources d’énergie, notamment l’atome, le patrimoine génétique de l’homme et le don de l’organe), l’article suivant : ‘’les connaissances scientifiques ne doivent être utilisées que pour servir la dignité, l’intégrité et le devenir de l’homme, mais nul ne peut en entraver l’acquisition’’. Problème de société peut résoudre et clarifier.

Aucun commentaire: