mercredi 16 janvier 2008

Est-il vrai que l’oxygène attaque les cellules ?

Sans oxygène, nous ne survivrions pas. Pourtant ce gaz vital peut s’avérer dangereux pour les tissus biologiques. En effet, alors que chaque cellule tire son énergie de l’oxygène que nous respirons , une parité de précieux gaz (de 1 à 5%) est transformé en composés chimique particulièrement toxique : les radicaux libres , nom donné aux molécules dont un atome a gagné (ou perdu) un électron , et un seul , au cours de la respiration cellulaire .or , dans les molécules les électrons vont toujours par paire . que l’un deux vienne à manquer de la molécule devient une nuisance pour ses voisins : elle n’auras de cesse de leur voler un électron pour retrouver sa stabilité . propageant ainsi le déséquilibre et brisant les molécules les plus fragiles.
Le premier avatar nuisible de la respiration cellulaire est le radical libre superoxyde ( ), qui participe ensuite à la formation d’un autre composé toxique : le peroxyde d’hydrogène ( ), mieux connu sous le nom d’eau oxygénée. Lequel donnera également des molécules d’autant plus réactives que leur charge électrique st faible : les radicaux hydroxyles (OH).
On connaît de mieux en mieux le résultat dévastateur de ces radicaux libres, dont la durée de vie est de l’ordre de la microseconde : ils sont ni plus ni moins à l’origine de réactions en chaînes délétères puisque, pour retrouver leur stabilité, ils vont donner ou prendre un électron avec une molécule stable qui, du coup, devient elle-même un radical libre, et ainsi de suite. Ce phénomène de capture d’électron est appelé "oxydation" (que l’oxygène y soit ou non impliqué), le radical libre étant l’oxydant. De proche en proche, cette réaction en chaîne- on parle de "stress oxydatif" – peut notamment perturber la réplication de l’ADN lors des devisions cellulaires et entraîner mutations et cancers. Elle peut aussi perturber le fonctionnement intracellulaire au point de conduire les cellules à s’autodétruire. A moins que les radicaux libres ne détruisent les membranes cellulaires, ou encore détériorent le collagène, protéine qui assure la cohésion des tissus. Au final, ce processus et impliqué dans de nombreuses maladies : cataractes, arthrite, maladies cardio-vasculaires, problèmes pulmonaires et cancers.
LES ANTIOXYDANTS OFFRENT LEURS PROPRES ELECTRONS :
"la question du rôle des radicaux libres dans les mécanismes de vieillissement des organismes vivants n’est certes pas encore résolue, mais une grande majorité des travaux confirme que les tissus jeunes contiennent moins de lipides et de protéines oxydés que ceux des sujets âgés", explique Sylvia Pietri, directrice de recherche au laboratoire de chimie , biologie et radicaux libres du CNRS de Marseille. Et de préciser : "de nombreuses investigations sont encore en cours pour déterminer si les radicaux libres sont la cause ou l’effet des pathologies". Autrement dit, si le vieillissement des tissus est effectivement li é à la multiplication de radicaux libres, ce serait parce que les enzymes chargées de les combattre (SOD, glutathion, catalase deviennent moins efficaces avec l’âge, laissant les radicaux libres se multiplier ; mais leur perte d’efficacité » pourrait elle-même être le fait des radicaux libres qui les abîment.
Le tabagisme, la pollution, la lumière ultraviolette ou d’autres radiations, ainsi que les gaz d’échappement sont autant de facteur qui multiplient la production des radicaux libres. Dans le cas de la fumée de cigarette, par exemple, deux types de sources radicalaires ont été identifié à l’origine de réactions chimiques nuisibles à l’organisme : "les filtres de cigarettes servent surtout à neutraliser une partie des goudrons contenus dans la fumée, qui sont des molécules capables de transformer l’oxygène en radical libre, explique Sylvia Pietri. Mais ce filtre est beaucoup moins efficace lorsqu’il s’agit de supprimer les molécules gazeuses : la fumée de cigarette, comme n’importe quel autre type de fumée , véhicule de l’oxyde nitrique ,et ses dérivés, qui sont autant de molécules génératrices de radicaux libres . En contact avec l’oxygène, elles peuvent engendrer les espèces les plus toxiques, comme le radical hydroxyde (OH) .c’est précisément ce processus –démontrer expérimentalement – qui expliquerait les maladies humaines liées au tabac, le cancer’’.
Face à des telles nuisances, l’organisme ne reste pas sans réagir. En fait, il ne cesse de combattre le stress oxydatif exercé à l’aide des antioxydants dont il dispose. ce sont principalement la vitamine C la vitamine E et les caroténoïdes ( ces pigments colorés du jaune au rouge que l’on trouve , par exemple , dans la carotte et qui ,assimilés par le corps, peuvent se transformer en vitamine A). Ces substances circulent à travers tout l’organisme, s’interposant entre les molécules saines et les radicaux libres, auxquels elles offrent leurs propres électrons pour les neutraliser.
La vitamine C (acide ascorbique) est un antioxydant soluble dans l’eau qui agit à l’intérieur des cellules : elle récupère l’électron ‘’célibataire’’ du radical libre et se transforme alors en radical ascorbyle, molécule peut réactive qui n’est pas trop déstabilisée par ce turbulent célibataire. La vitamine E (alphatocophérol) joue un ro^le identique, mais cette fois au niveau de la membrane cellulaire. En l’empêchant de s’oxyder, c’est elle, notamment, qui évite l’adhésion du "mauvais cholestérol "aux parois des artères. Quant aux caroténoïdes, ils sont également solubles dans la membrane cellulaire.
Renforcer ces processus naturels permettrait-il de prolonger l’existence en bonne santé et d’atténuer les marques du vieillissement ? C’est l’idée que défendent les nutritionnistes en recommandant une alimentation particulièrement riche en vitamine C, E, et caroténoïdes. De nombreuses études ont en effet révélé que les régimes privilégiant les légumes et les huiles végétales protégent leurs adeptes des maladies cardiovasculaire et leur procurent un vieillissement en meilleur santé. Pour autant, ce n’est pas l’absorption de suppléments vitaminiques pendant quelques moi qui peut avoir un effet, mais seule une véritable hygiène de vie.
L’industrie des cosmétiques s’intéresse aussi aux radicaux libres en proposant des crèmes censés les combattre. Bien qu’elles ne soient pas autorisées –à moins d’acquérir un statut de médicament – à pénétrer assez profondément les couches de l’épiderme pour ‘’avoir accès ‘’ aux radicaux libres produits par l’environnement extérieur, comme les radiations lumineuses ou la pollution. Il est, par ailleurs, peu probable que de telles crèmes obtiennent un jour le statut de médicaments, puisque celle reviendrait à considérer la ride comme une maladie….
Aussi une arme de défense
Aujourd’hui les antiradicaux libres font l’objet de recherches très actives, l’action de vitamines C, E et A n’étant en effet pas encore complètement élucidé. En outre, les chercheurs étudient les effets antioxydants de composés extraits de plantes comme le Ginkgo biloba ou la papaye. A mesure que les connaissances progressent, les antioxydants trouvent même de nouvelles applications en médecine : par exemple, on les utilise dans les solutions de conservation de transplantes.
Mais les radicaux libres ne sont pas qu’une simple nuisance : paradoxalement, il sont aussi une arme que l’organisme utilise pour se défendre. En effet, certains globules blancs (macrophage neutrophiles, etc.) produisent délibérément des radicaux libres pour tuer les bactéries et les micro-organismes qu’ils capturent dans l’organisme.

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