lundi 11 février 2008

Progrès scientifique et bonheur humain:

Comprendre quelque chose, si peu que ce soit, à l'univers, c'est indispensable au plus grand bonheur, ou au moindre malheur des hommes. Les amateurs de paradoxe peuvent prétendre que les Européens étaient plus heureux aux temps des croisades, ou au temps de Louis quatorze ; mais s'ils étaient obligés de se loger, de se nourrir, de se vêtir et de voyager comme au Moyenne Age ou au dix-septième siècle, ces mêmes amateurs gémiraient, s'indigneraient. Si les hommes sont moins malheureux que leurs aïeux, c'est, c'est parce que la science a fait des progrès.

En effet, la science marche avec une rapidité déconcertante, et cependant, elle est bien jeune encore. Thalès et Archimède, malgré tout leur génie, ne savaient rien de ce qu'on enseigne aujourd'hui à l'école primaire. Le plus ignorant des bacheliers sait quantité de choses que Galilée ignorait totalement. De Franklin à Einstein, il n'y a pas tout à fait cent cinquante ans, et en cent cinquante ans, quel pas de géant! Il n'y avait ni plaéonotologie, ni bactériologie, ni photographie, ni aviation, ni voies ferrées, ni analyse spectrale. Ainsi l'époque scientifique de l'humanité n'a guère plus de cent cinquante ans; cent cinquante ans, quatre générations humaines; ce n'est rien.

La course se précipite. Nous allons vers la connaissance des choses en progression géométrique et non arithmétique. Nous pouvons donc admettre que l'homme exerça un jour, grâce à la richesse croissante des acquisitions scientifiques, une domination souveraine sur la matière brute ou vivante, hostile ou favorable, qui l'entoure.

A vrai dire, cependant, la civilisation scientifique ne signifie pas tout à fait le bonheur; en effet, il se trouve qu'au lieu de profiter de leurs connaissances, souvent les hommes ont mal employé les ressources que leur a apportées un labeur scientifique prolongé. Si les avions ne devaient servir qu'à bombarder les villes, l'aviation serait une funeste découverte. Si les progrès de la chimie consistaient à produire des gaz nocifs, après à détruire en quelques minutes un régiment, la chimie serait une science maudite. Donc la civilisation, dans le sens légitime de ce mot, c'est-à-dire une plus grande somme de bonheur pour nos vies humaines, ne consiste pas seulement dans la connaissance des chocs. Il faut quelque chose de plus ; c'est le sens de la discipline morale, la notion de solidarité et de fraternité humaine, le respect du droit.

Ainsi notre proposition; le bonheur des hommes dépend des progrès de la connaissance, est vraie, mais à condition qu'on ajoute ce correctif essentiel que le bonheur des hommes ne dépend pas uniquement des progrès de la connaissance. La science est donc un bonheur humain une condition nécessaire, amis non suffisante

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