mardi 5 février 2008

Peut-on modifier l’homme ?

En notre âge scientifique, la science pénètre dans tous les domaines. Il n’est pas jusqu’à la vogue des fausses sciences qui ne soient un symptôme de notre âge scientifique. Car tous les charlatans que sont les devins, astrologues, mages, spirites, radiesthésistes, etc.… n’oublient pas d’habiller leurs vieux délires à la mode de la jeune science. On ne parles, chez ces sorciers moderne, que de radiation, de longueurs d’ondes, de champs d’induction, de vibrations, d’interférences… c’est un mélange mal digéré d’électromagnétisme et de mécanique ondulatoire à l’usage des naïfs. Et devant le succès de ces imposteurs, devant la prospérité de tous ces exploiteurs de la détresse et de la crédulité humaines, on en vient à se demander si l’âge de la science n’est pas aussi, inévitablement, celui de la fausse science. Du moment que tout est possible, pourquoi pas des ondes expédiées par le cerveau humain ? Du moment qu’il y a la télévision, pourquoi pas la clairvoyance ? Du moment qu’il y a les rayons cosmiques, pourquoi pas les influences astrales ?

Seule une formation scientifique assez poussé peut permettre qu’on fasse la discrimination entre vrai merveilleux et faux merveilleux. A certains égards, on peut dire que la vulgarisation de la science __ pourtant si nécessaire__ n’est pas sans offrir quelque danger. Réalité et mensonge voisinent dans les colonnes de journaux où le lecteur trouve, à la même page, sous les mêmes caractères, le compte rendu d’une magnifique découverte ou une stupide histoire de maison hantée !

N’oublie pas, d’autre part, que du fait de la spécialisation de plus en plus obligatoire, personne ne domine tout le savoir de l’époque. Cette science admirable, elle n’existe entière dans aucun cerveau humain, si bien que, sur la plupart des sujet étrangers à son domaine, l’homme de science lui-même en est réduit à juger en ignorant.

Enfin, il arrive que l’idolâtrie de la science, malsaine comme toute idolâtrie, fasse le jeu de l’imposture. Comme le dit le philosophe Jaspers, celui qui croit en la toute-puissance de la science s’efface devant les spécialistes, mais aux premiers échecs. Il s’en détourner, désillusionné, pour s’adresser aux charlatans. Telles est une des raisons du succès des guérisseuses, qui d’ailleurs guérissent parfaitement certains troubles somatiques d’origine nerveuse, mais par des moyens qui n’ont rien de mystérieux, et que connaît la science.

Quoi qu’il en soit, et malgré ce succès des fausses sciences, où l’on peut voir encore un hommage que le faux rend un vrai, il est permis de dire que dans l’ensemble, le prestige de la vraie science ne cesse de s’accroître. Il n’est présentement aucune autre forme d’activité qui inspire autant de confiance, qui éveille autant d’espoir.

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