lundi 11 février 2008

Les inconvénients de tourisme :

On se rend compte en voyageant de la richesse, précaire il est vrai, que le tourisme apporte à certains pays plus pourvus de soleil que de ressources naturelles, mais on constate aussi qu'il s'accompagne d'une méconnaissance totale de l'originalité culturelle de ces pays, et qu'il peut avoir des effets pernicieux sur l'évolution de la mentalité des populations bénéficiant du pactole touristique.

Pour ce qui concerne le premier de ces inconvénients, il convient de déplorer l'installation, dans le monde entier, de luxueux hôtels construit dans un style uniforme, s'inspirant rarement de l'architecture locale, où l'on sert une cuisine insipide dans les salles à manger dont l'air ne peut être que conditionné, même si la température extérieure ne le justifie pas. Enfermés dans ces ghettos, transportés en car à travers les pays visités, les touristes n'ont aucun contact avec les réalités de la vie quotidienne de la population locale, qui, en retour ne les considère que comme des distributeurs d'argent.

J'en viens ainsi au second inconvénient, lié au fait que, dans les pays pauvres, les habitants qui voient vivre les étrangers dans ces coûteux hôtels dont ils assurent le service n'en ressentent que plus vivement leur propre misère. Certains d'entre eux choisissent de devenir des parasites du tourisme et de soutirer le maximum d'argent à l'Occidental de passage, apparemment si riche. Comment n'en irait-il pas ainsi si l'on songe qu'en Inde, par exemple, le transport de deux ou trois valises sur cent mètres peut faire gagner un pourboire représentant toute une journée de dur travail chez un employeur local? Le risque est grand de fausser ainsi le sens des valeurs traditionnelles dans les populations qui comprennent mal l'énorme décalage entre les sommes qu'elles voient dépenser sous leurs yeux et leurs propres ressources.

Il faudrait que les investisseurs, d'une part, les gouvernements intéressées, d'autre part, optent pour une infrastructure hôtelière conçue en fonction du site et du mode de vie du pays considéré et non pas selon des normes nord-américaines avec tarifs à l'avénant ; il, est insensé de payer une chambre trente ou cinquante dollars par jour dans ces pays où le revenu annuel par habitant est de trois ou quatre cents dollars.

Ce tourisme de luxe tue peu à peu le véritable tourisme, qui est avant tout expérience personnelle du voyage, et qui, par la même, devrait être encouragé et développé.

Et, d'autre part, ce n'est pas en catapultant à l'autre bout du monde dans les charters, des groupes compacts d'Américains, français, d'Allemands et autres Occidentaux, en les installant dans le même petit confort qu'ils viennent de quitter et en leur évitant soigneusement les aléas du dépaysement, que l'on contribuera à faire découvrir et comprendre les multiples aspects de pays et de sociétés totalement différents. A cet égard le tourisme de masse est un leurre, car il n'exige ni effort d'adaptation et de contact, ni initiative de la part de ceux qui le pratiquement; il risque donc d'élargir davantage encore le fossé entre nantis et pauvres.

La réduction des tarifs aériens sur certains parcours et les billets de groupes sont une excellente chose puisqu'ils facilitent les voyages. Mais il faut assurer parallèlement l'éducation du voyageur en puissance, lui apprendre à partir seul à la découverte d'un pays nouveau, étant entendu qu'il doit trouver au bout de la route gîte et couvert dans des conditions agréables, amis non luxueuses, correspondant aux traditions locales, et à la portée de sa bourse.

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