lundi 4 février 2008

Aujourd’hui la civilisation est urbaine

La civilisation commence avec la construction da la première hutte, avec le labour du premier champ. Elle a besoin de fixité. Elle ne naît pas dans le camp volant du nomade qui plante sa tente où il veut et qui la plie le lendemain. Celui-ci est condamné à ne posséder que les biens meubles qu’il entasse à la hâte sur le dos de quelques bêtes. Il s’en contente et, poussant devant soi son troupeau vers des prairies neuves, il part toujours sans rien abandonner.
Gèngis Khan, qui hait la civilisation, donne pour consigne à ses hordes la destruction des villes, afin de rendre par force l’humanité à ce vagabondage ancestral, qui, seul, selon lui, la maintient saine et vigoureuse. Les cités furent les plus fortes. Elles retinrent les cavaliers mongols dans les palais corrupteurs qu’ils devaient abattre. L’irréversible histoire suit son cours…
Aujourd’hui, plus que jamais, la civilisation est urbaine. Elle l’est jusqu’à l’asphyxie. Dans les fourmilières où se pressent, se gênent, s’écrasent des multitudes accrues, l’homme finit par être privé de l’espace et de l’indépendance nécessaires à la moindre joie. Les aménagements qui rendent la vie plus sûre, plus commode et plus agréable deviennent de plus en plus nombreux et complexe, c’est-à-dire moins sûre, moins commodes et plus impérieux. Une panne d’ascenseur rend un gratte-ciel inutilisable. Une centrale électrique es-elle accidentée, c’est la catastrophe pour une métropole entière : paralysie, obscurité et affolement. Chesterton, depuis longtemps, a fait remarquer combien un canif était plus utile qu’un taille-crayon. Je ne vitupère pas le machinisme, n’étant pas de ceux qui, riches, expliquent aux pauvres que l’argent ne fait pas le bonheur. Je rappelle seulement que la civilisation industrielle entraîne avec elle ses inconvénients.

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