Autrefois, un homme pouvait passer son existence sans s'apercevoir d'un quelconque changement; il apprenait un métier, et son expérience restait valable sa vie durant. Il pouvait former des jeunes, qui recevaient de lui toute leur éducation professionnelle. Pour la culture de la terre, la tradition jouait un grand rôle, et le caractère clos des sociétés rurales ne permettait pas aux jeunes d'en savoir plus que leurs parents ou leurs proches. Aucunes fenêtre, pas d'écran de télévision pour les éclairer sur d'autres formes de sa vie agricole; s'il en résultait une forme prosaïque de sagesse, la contrepartie en était la stagnation technique, on peut en dire autant de la quasi-totalité des métiers; dans les centres urbaines, dans les agglomérations industrielles, les artisans les techniciens, eux aussi, apprenaient leur profession pour la vie. Quand des changements apparaissaient, ils étaient assez lents pour que l'on pût s'y adapter facilement.
Actuellement, c'est l'opposé. Toute se transforme très vite. Aucun emploi n'est assuré indéfiniment, surtout dans les techniques de pointes, qui regroupent déjà, aux Etats-Unis, plus de la moitié des travailleurs. Certains métiers déclinent progressivement, d'autres apparaissent, passent par une période éclatante, puis à leur tour pâlissent. On a vu en France, ces dernières années, une demande énorme de techniciens dans l'électronique, puis dans l'informatique, avec des salaires exorbitants. Il n'est pas certain que dans dix ans, tous ces techniciens puissent poursuivre la carrière qui leur a rapporté les gros salaires et les satisfactions personnelles du début.
Je connais bien un électronicien qui fut remarquable après la guerre comme réalisateur, ainsi que comme éducateur; il initiait les étudiants aux techniques nouvelles de l'électronique. La voilà, vingt-cinq ou trente ans plus tard, proche de la retraite. Il est encore assez amoureux de son métier pour ne pas songer à l'abandonner, mais dans le centre de recherches où il travaille, il n'est plus écouté par les jeunes techniciens. On ne le consulte plus; son autorité est tombée. Il poursuit dans un local exigu, en solitaire, des travaux qui m'intéressent plus grand monde. C'est que les progrès techniques ont été trop rapides pour qu'il s'y adapte. Cet exemple est très frappant. Il montre à quel point le fossé entre les générations est profond, non seulement sur les plans de la réflexion, du mode de vie et de pensée, mais aussi sur celui de l'existence professionnelle.
Il résulte d'un tel état de fait que l'autorité, en matière de technique, ou dans l'exercice d'un métier, n'est plus fondée sur la seule expérience, et que, au lieu de s'accroître , elle disparaît avec l'âge. C'est grave, car il s'agit d'un véritable changement dans l'échelle des valeurs sociales.
Actuellement, c'est l'opposé. Toute se transforme très vite. Aucun emploi n'est assuré indéfiniment, surtout dans les techniques de pointes, qui regroupent déjà, aux Etats-Unis, plus de la moitié des travailleurs. Certains métiers déclinent progressivement, d'autres apparaissent, passent par une période éclatante, puis à leur tour pâlissent. On a vu en France, ces dernières années, une demande énorme de techniciens dans l'électronique, puis dans l'informatique, avec des salaires exorbitants. Il n'est pas certain que dans dix ans, tous ces techniciens puissent poursuivre la carrière qui leur a rapporté les gros salaires et les satisfactions personnelles du début.
Je connais bien un électronicien qui fut remarquable après la guerre comme réalisateur, ainsi que comme éducateur; il initiait les étudiants aux techniques nouvelles de l'électronique. La voilà, vingt-cinq ou trente ans plus tard, proche de la retraite. Il est encore assez amoureux de son métier pour ne pas songer à l'abandonner, mais dans le centre de recherches où il travaille, il n'est plus écouté par les jeunes techniciens. On ne le consulte plus; son autorité est tombée. Il poursuit dans un local exigu, en solitaire, des travaux qui m'intéressent plus grand monde. C'est que les progrès techniques ont été trop rapides pour qu'il s'y adapte. Cet exemple est très frappant. Il montre à quel point le fossé entre les générations est profond, non seulement sur les plans de la réflexion, du mode de vie et de pensée, mais aussi sur celui de l'existence professionnelle.
Il résulte d'un tel état de fait que l'autorité, en matière de technique, ou dans l'exercice d'un métier, n'est plus fondée sur la seule expérience, et que, au lieu de s'accroître , elle disparaît avec l'âge. C'est grave, car il s'agit d'un véritable changement dans l'échelle des valeurs sociales.
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