La ministre de l'Economie vient de lever une interdiction vieille de douze ans. A partir du 15 juillet, il sera possible d'acheter et de consommer en France du Red Bull, une boisson connue pour ses effets dopants.
BIEN CONNUE des amateurs de nuits blanches, mais frappée d'interdiction de vente depuis 1996 pour des raisons de sécurité sanitaire, la boisson énergisante Red Bull à base de taurine, un acide aminé aux effets anti-fatigue très controversés, a désormais droit de cité en France. Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, au terme d'un accord conclu vendredi, à Vienne, avec le PDG autrichien Dietrich Mateschitz, vient d'« autoriser immédiatement » la commercialisation de la troisième boisson non alcoolisée la plus consommée au monde (derrière Coca et et Pespi). Pourtant, il y a un mois, la Direction de la répression des fraudes, qui dépend aussi de Bercy, avait tiqué sur les conditions de commercialisation d'une version « sans taurine » et moins caféinée que la recette originale en France.
Pourquoi ce revirement ?
Déjà en vente dans 154 pays
Hier dans l'entourage de la ministre, on se défendait de tout « accord surprise ». Et on invoquait avant tout des motifs juridiques. « Red Bull avait introduit plusieurs procédures devant le tribunal administratif de Paris et réclamait 300 millions d'euros de dédommagement. Grâce à cet accord, Red Bull retire sa plainte ». A Bercy, on met aussi en avant le fait que « Red Bull est autorisé dans 25 des 27 pays de l'Union européenne et dans plus de 140 pays, et qu'il est facile d'en commander sur Internet ». Il n'empêche, l'Afssa, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, a rendu quatre avis sur cette boisson, tous... négatifs.
Pour Dietrich Mateschitz, 61 ans, premier milliardaire d'Autriche, propriétaire de deux écuries de Formule 1 (Red Bull et Toro Rosso), ce traité de paix est une victoire. La France était l'un des derniers bastions à résister à cet as du marketing qui a écoulé en 2007 dans le monde 3,5 milliards de cannettes pour 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires et contrôle aujourd'hui 70 % du marché des « energy drinks ».
Le français Danone pourrait aussi profiter de l'aubaine. Le groupe de Franck Riboud mise sur ce créneau très profitable : le prix d'une boisson énergisante étant souvent quatre fois plus élevé qu'un soda ordinaire pour des coûts de production quasi-similaires. En France, on enregistre une croissance de 47 % par an des volumes vendus par les marques présentes : Dark Dog (Karlsbraü), Burn (Coca-Cola), Pure rush by SoBe (Pepsi)... Coïncidence ? Depuis plusieurs mois, Danone teste en France « V », une boisson qui fait un tabac en Nouvelle-Zélande et en Australie. Pour l'expérimenter, Danone a retiré de sa composition la... taurine. Jusqu'à quand ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire