dimanche 14 septembre 2008

Découverte d'un gène qui pourrait neutraliser le VIH :

Des chercheurs américains, dont les travaux sont publiés dans la revue Science du vendredi 5 septembre, ont découvert un gène jouant un rôle clef dans la production d'anticorps qui neutralisent des rétrovirus comme le VIH (virus de l'immunodéficience humaine) responsable du sida. Cette découverte, faite sur des souris, est non seulement potentiellement importante pour la mise au point d'un vaccin, mais également pour expliquer pourquoi certaines personnes exposées au VIH ne sont jamais infectées.

Le gène, appelé Apobec3 et qui existe également chez les humains, contrôle à lui seul la capacité des souris à produire des anticorps neutralisant des rétrovirus, ce qui leur permet de combattre avec succès des infections. Selon l'hypothèse des chercheurs, le gène pourrait jouer le même rôle chez les humains et neutraliser ainsi le rétrovirus responsable du sida. De précédentes études montraient déjà que les protéines produites par Apobec3 ont des propriétés anti-VIH et que la région du chromosome où se situe ce gène influe sur la capacité du virus à infecter l'organisme.

"Cette avancée met en évidence un mécanisme génétique potentiel de production d'anticorps capables de neutraliser le virus du sida, ce qui est essentiel pour empêcher l'infection", souligne dans un communiqué le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID). Les anticorps sont la clef pour combattre avec succès des infections virales et la plupart des vaccins stimule la production d'anticorps visant un virus en particulier.

Du polonium dans le tabac : un secret bien gardé par les cigarettiers :

Rendu célèbre par l'affaire Litvinenko, le Polonium 210 est bien moins exotique qu'il n'y paraît : l'élément radioactif – parmi les plus toxiques qui soient – qui a servi à assassiner l'ancien espion du KGB est inhalé, chaque jour, par près de 1,25 milliard de fumeurs que compte la planète. Selon une étude publiée dans le numéro de septembre de l'American Journal of Public Health citée par Le Figaro, l'industrie cigarettière connaissait depuis plus de quarante ans la présence dans les feuilles de tabac de ce composé hautement cancérigène.

Philipp Morris, British American Tobacco, RJ Reynolds et toutes les multinationales du tabac ont volontairement caché, pendant ces quarante années, cette information qui aurait pu gravement refroidir les ardeurs des fumeurs. En décortiquant plus de 60 millions de documents internes des firmes productrices – déclassifiés après un procès perdu en 1998 contre l'Etat du Minnesota –, Monique Muggli, une chercheuse de la Mayo Clinic, aux Etats-Unis, est arrivée à la conclusion que "les industriels savaient tout et n'ont rien dit", écrit Le Figaro.


12 000 MORTS PAR AN

D'après cette enquête, les industriels ont découvert la présence de polonium dans le tabac dès 1964. Selon Monique Muggli, interrogée par 20minutes.fr, les fabricants de tabac ont essayé, dans les années 1970 et 1980, de supprimer la teneur en polonium de leurs produits. Peine perdue : les dirigeants des firmes concernées ont eu peur que les différents traitements expérimentés ne "changent le goût de leur produit, mais surtout que le grand public apprenne les objectifs de ces recherches", explique Mme Muggli. Silence, donc. Un mémo adressé en 1978 au vice-président de Philip Morris, conseillait d'étouffer l'affaire : "Nous risquerions de réveiller un géant endormi !"

Le géant en question a en effet de quoi effrayer. "Le polonium 210 est un émetteur de radiations alpha si instable et dangereux qu'il est un des rares à n'avoir jamais été utilisé en médecine, explique Le Figaro. Il provoque des cancers du poumon par inhalation : il se dépose aux embranchements des bronches où il provoque le processus de cancérisation." Selon Monique Muggli, le polonium Po est à l'origine de 1 % de tous les cancers du poumon aux Etats-Unis. Il serait responsable d'environ 12 000 morts par an dans le monde. Sa présence dans le tabac est due à l'utilisation d'engrais riches en phosphates qui contaminent les feuilles.

Interrogée par Libération, Emanuelle Beguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme, relativise la portée de ces révélations. Pas vraiment rassurante, Mme Beguinot rappelle que le polonium "n'est qu'un des 4 000 composés toxiques d'une cigarette".

Le Cern met en route sa "machine à Big Bang" :

Les physiciens du Cern ont inauguré à la frontière franco-suisse un gigantesque accélérateur de particules destiné à recréer les conditions du "Big Bang" et tenter de comprendre la formation de l'Univers.

Le Grand Collisionneur de hadrons (LHC), un projet de 10 milliards de francs suisses (6,3 milliards d'euros), a été mis en route un peu après l'heure prévue de 09h30.

A Paris, le président Nicolas Sarkozy, président en exercice du Conseil européen, a salué "un très grand succès pour l'Europe qui montre son leadership mondial dans des domaines majeurs de la science, dès lors qu'elle sait conjuguer ses efforts et ses meilleures compétences".

"Il y a deux émotions : le plaisir d'achever une grande tâche et l'espoir de grandes découvertes devant nous", a pour sa part déclaré Robert Aymar, directeur général du Cern (Organisation européenne pour la recherche nucléaire).

Un premier faisceau de protons a été envoyé à 09h33 dans l'anneau géant de 27 kilomètres construit 100 m sous la montagne.

Les centaines de physiciens et techniciens qui se tenaient dans la salle de contrôle ont laissé exploser leur joie lorsque le premier faisceau a accompli sa trajectoire.

Un porte-parole du Cern a qualifié de "formidable" cette étape du projet. La construction du LHC - la plus grande et plus complexe machine jamais mise au point - avait été approuvée par le Cern en 1994.

Un autre faisceau a été envoyé dans l'autre sens - inverse à celui des aiguilles d'une montre - pour vérifier que le système fonctionne. Le processus a été brièvement interrompu mercredi après-midi en raison d'une légère montée en température due à une avarie sur les aimants.

Dans les semaines à venir, les faisceaux seront envoyés simultanément dans les deux directions afin de provoquer des collisions de particules et, au fil des mois, le LHC montera en puissance pour atteindre des vitesses proches de celle de la lumière.

Le délai de lancement de cette seconde phase n'est cependant pas encore connu, la directrice du projet Lyn Evans s'étant refusée à donner une date.

"Le LHC est son propre prototype et il est donc difficile de dire combien de temps cela va prendre", a-t-elle expliqué. "Je pense que ce qui s'est passé ce matin est de très bon augure."

Les physiciens sont très impatients de connaître les résultats de ces expériences et espèrent confirmer l'existence du boson de Higgs, une particule élémentaire décrite dans la théorie mais jamais observée.

Ce boson, également surnommé "particule de Dieu", doit permettre d'expliquer pourquoi les particules parviennent à leur masse.

Le LHC est doté de quelque 1.600 aimants supraconducteurs, qui génèrent un champ magnétique et permettent ainsi l'entrée en collision des particules.

La collecte annuelle de données remplira quelque 100.000 DVD double couche. Des dizaines de milliers d'ordinateurs répartis dans le monde et réunis au sein d'un réseau baptisé "The Grid" seront chargés du stockage de ces informations.

Des Cassandre ont écrit que les expériences menées dans le laboratoire pourraient créer de l'anti-matière - des trous noirs - susceptible d'engloutir la Terre. Le Cern a rejeté ces hypothèses comme absurdes et assuré que le LHC était sûr.

Fuites au collège :

D'abord 320, puis 307 et enfin 243. Une perte sèche de près de soixante-dix collégiens en trois ans. De moins en moins d'élèves, de plus en plus de dérogations. La rentrée a un petit goût amer au collège du Plateau, au Mans. D'année en année, le déclin s'accentue.

Planté au milieu des immeubles de la zone urbaine sensible (ZUS) de Bellevue, le collège se confond presque avec les petits parallélépipèdes blancs sans âme du quartier, là où habite le gros de l'effectif. Etablissement sans histoires mais non sans réussite (93 % au brevet cette année), il subit la méfiance grandissante des habitants de la commune voisine de Sargé. Censées elles aussi scolariser leurs enfants dans ce collège, les familles profitent des nouvelles règles du jeu de la carte scolaire pour s'en détourner.


Au mois d'avril, après examen du nombre des inscrits en 6e, le collège a appris qu'il allait perdre trois classes. A la fermeture attendue d'une 5e et d'une 4e, suite à la chute des effectifs de l'année précédente, une classe de 6e allait disparaître. Trois classes sur douze en un an, l'hécatombe ! Parents et professeurs se sont rebiffés, la 6e menacée a été sauvegardée. Pour le quartier, l'équipe et les parents, c'est le soulagement. Mais ce n'est qu'un sursis.


Etablissement banal, le collège du Plateau rassemble encore ceux qui se mélangent de moins en moins : les enfants des HLM; ceux des maisons Leroy-Haricot, bâtisses mitoyennes bon marché conçues dans les années 1960 pour permettre l'accession à la propriété des familles modestes; ceux des Côteaux de la Gironde, un lotissement plus chic qui jouxte les immeubles; ceux, enfin, de la zone pavillonnaire de Sargé-lès-LeMans, à l'habitat d'un standing très supérieur.

Ni ghetto ni ZEP, il souffre pourtant de la pauvreté grandissante des familles de la ZUS. Le pourcentage des boursiers grimpe en flèche : 18,4 % de boursiers en classe de 3e , 38,5 % en 4e, 41,6 % en 5e, 47,3 % en 6e. Plus d'un tiers des collégiens sont boursiers, dont la moitié au taux 3, celui des minima sociaux. Fini en 6e le "vrai mélange" que les professeurs trouvent encore dans les classes de 3e, là où "on fait le grand écart entre la fille du neurologue et le fils du RMiste", plaisante Sophie Le Guiet, professeur de français. Et c'est justement le découpage de la carte scolaire, millimétré, qui avait réussi à maintenir ce petit monde.

"AVANT, LES PARENTS ALLAIENT DANS LE PRIVÉ, MAINTENANT ILS DEMANDENT DES DÉROGATIONS"

Le Plateau, un cas d'école ? Exemplaire en tout cas de ces collèges "moyens mélangés", comme les a qualifiés le sociologue Marco Oberti dans L'Ecole dans la ville (Presses de Sciences Po, 2007), où se joue l'avenir de la mixité sociale. "Les élèves qui nous quittent sont remplacés par les enfants des plus pauvres", constate le principal du collège, Guy Salmon. "Avant, les parents allaient dans le privé, maintenant ils demandent des dérogations", résume François Blomme, président de la section locale de l'association des parents d'élèves (FCPE).

Il y a deux ans, un incendie volontaire enflamme un container, provoquant dans la foulée l'incendie de la cantine. Violents, les élèves du Plateau ? "Certains parents redoutent la violence, pourtant inexistante. Ils ont peur", explique Marie Garier, professeur de français, en poste depuis six ans dans ce collège. Peur de quoi ? Bellevue, zone urbaine sensible, n'a rien de "sensible" aux yeux des vrais urbains. "Rien à voir avec Saint-Denis [Seine-Saint-Denis] où j'ai enseigné trois ans avant d'atterrir ici", raconte Frédéric Launay, professeur de sciences de la vie et de la Terre. Mais tout est relatif. Vue de l'allée David-Douillet, de la rue Christine-Caron, de celle de Didier-Pironi – Sargé aime les champions ! –, la ZUS de Bellevue ressemble à un chaudron. Puisqu'on lui donne le choix, Sargé-lès-Le-Mans, son golf, son retable, préfère l'entre-soi.

Le privé, avec le collège Saint-Julien qui joue la carte de l'excellence, reste prisé mais c'est surtout au collège public du Villaret, équidistant de celui du Plateau pour les habitants de Sargé, que la concurrence profite désormais. D'autant que, autrefois difficile d'accès aux amateurs de dérogations, il ouvre désormais grandes ses portes. Cette année, 35 élèves s'y sont inscrits par dérogation (sur un effectif de plus de 300 élèves) dont 24 viennent du Plateau.

La réforme de la carte scolaire était supposée mettre un terme au "système de ségrégation qui assignait les élèves à résidence dans leur quartier ", selon les termes du ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos. Vue du Plateau, elle fonctionne en marche arrière. Au lieu de casser un ghetto, tout porte à croire qu'elle contribue à en créer un. Mère de trois enfants dont la dernière fréquente encore le collège, Laurence Boquet a assisté à l'hémorragie. "A l'époque de mes aînés, certains choisissaient bien Saint-Machin ou Saint-Chose, mais la grande majorité allaient au collège du secteur. Les gens faisaient un essai et comme ça se passait bien, ils y laissaient leurs enfants. Aucune dérogation n'était accordée."


Au sein du collège, la fracture entre ceux qui ont les moyens et ceux qui ne les ont pas se ressent. "Pour les sorties, certains parents ne peuvent pas suivre", raconte Nathalie Fauvel dont la fille, Nolwen, entre en 4e. Sociale, la dégradation est aussi scolaire. "L'an dernier, au conseil de classe de ma fille Blanche, en 6e, j'ai été surprise de constater que la moitié des élèves avaient un an de retard", pointe Laurence Boquet.

C'est peu dire que les profs vivent mal cette chronique d'une mort annoncée. Le rejet du collège est vécu comme une injustice. Le sentiment d'un échec là où l'école pourrait déjouer les destins sociaux. L'impression que c'est leur travail qui est attaqué. "Le seul argument qui est avancé aux élèves pour les inciter à aller vers nous, c'est : Va au Plateau, c'est plus facile. Pourtant, nous sommes le seul collège de la Sarthe à proposer une classe bilangue [français, allemand]. Et le taux de réussite au brevet tourne autour de 90 % depuis plusieurs années !", regrette Marie Garier.

Cette enseignante de français fait partie d'une équipe de trentenaires qui s'efforcent d'enrayer la chute. Pour améliorer la liaison CM2-6e, le prof d'éducation physique, Cédric Fonteneau, a préparé une course d'orientation. Une rencontre poésie a rassemblé plus d'une centaine d'élèves… L'inspection académique, qui a fait machine arrière sur la fermeture de classe, ne leur paraît pas suffisamment active. "Ils avaient dit qu'ils organiseraient des réunions avec les instits de CM2… Nous, on ne peut pas tout faire", s'agace Marie Garier.

ÉLUS IMPUISSANTS, ÉDUCATION NATIONALE DÉSEMPARÉE

Alors, les préjugés et "les fausses représentations" continuent de l'emporter. Bilan : "Sur les 45 élèves inscrits en CM2 à l'école Camille-Claudel, une dizaine a opté pour le Plateau", regrettent les profs. Sachant que l'école communale elle-même subit une érosion démographique, combien seront-ils l'an prochain ?

Nul ne se risque aux pronostics, d'autant que les élus se montrent impuissants à trouver la parade. Comme tous les conseils généraux – en charge de la sectorisation depuis deux ans –, celui de la Sarthe manie cette affaire avec des pincettes. A lui de mettre la pression sur les maires pour qu'ils acceptent de faire bouger les lignes. Pas facile, admet Jean-Marie Geveaux, responsable des affaires scolaires au conseil général.


Tel maire "ne souhaite pas un apport de population de la ZUS" dans le collège situé sur sa commune; tel autre redoute que la perte d'élèves aille de pair avec celle des licenciés des associations sportives, etc. Les mauvaises et les bonnes raisons s'accumulent, et le tracé qui délimite les quartiers et les rues qui dépendent de tel ou tel collège n'a pas bougé d'un iota.

L'éducation nationale apparaît tout aussi désemparée. Sauver la mixité oui, mais comment garder, voire attirer les familles ? "Nous devons donner aux collèges en difficulté des éléments pour se défendre", rétorque l'inspecteur académique, Jean-Claude Rouanet. Maintenir "les moyens humains", c'est sûr, mais aussi jouer sur "l'offre" et "le management".

C'est que, dans un marché devenu concurrentiel, le marketing scolaire a pris de l'importance. Le collège dispose bien d'une classe bilangue et de l'option "découverte professionnelle". Mais ces charmes-là ne valent pas une section sport-études, des classes à horaires aménagés de musique ou des langues rares… proposées ailleurs. Alors, rénover le bâtiment, peut-être ? La reconstruction de la cantine, engagée cet été, est un signal. Muscler l'encadrement du collège ? Sans aucun doute.

Le temps presse. Les parents d'élèves, qui ont jusqu'à présent fait bloc pour défendre l'établissement, n'ont pas vocation de martyrs laïcs. "Vous dire au jour J si mon fils, actuellement en CE1, fréquentera plus tard le collège du Plateau, je n'en sais rien, avoue Nathalie Fauvel. On verra."